Annabelle Blangier, l’interview anniversaire

Au mois de juillet, Le Musicien a fêté son anniversaire ! A cette occasion, nous avons rencontré Annabelle Blangier, l’auteure de cette revisite magistrale du Joueur de flûte de Hamelin pour discuter de son rapport à l’écriture, aux contes et de son roman. Bonne lecture !

Quand et comment l’écriture est apparue dans votre vie ?

J’ai commencé à écrire quand j’étais adolescente, d’abord des récits tous simples de quelques pages, puis des histoires plus longues, tapées sur mon ordinateur. Dans mon souvenir mon envie d’écrire est très liée à ma passion de la lecture. J’ai toujours lu énormément et cela a nourri mon imagination tout en me donnant les clefs pour me mettre à construire mes propres narrations.

Quelles sont vos inspirations pour Le Musicien ?

L’idée de départ pour le Musicien m’est vraiment venue très vite, c’est certainement le roman pour lequel j’ai eu une idée générale du début, du développement et de la fin aussi vite. Je suis tombée sur un article à propos du conte Le Joueur de Flûte de Hamelin, qui expliquait que ce dernier était inspiré d’un vitrail bien réel, mais que personne ne se souvenait de ce à quoi la représentation de ce vitrail faisait référence. Cette part de mystère a aussitôt fait fonctionner mon imagination.

En combien de temps avez-vous écrit votre roman ? Y a-t-il eu plusieurs versions ?

J’ai dû terminer le premier jet en à peu près cinq mois (et sans aucun gros blocage en cours de route, ce qui vaut la peine d’être précisé). Après ça il me semble avoir fait deux grosses relectures principales de mon côté, notamment pour rajouter du contexte à propos du fonctionnement de Hamelin et des villages alentours. Il y a ensuite eu la relecture effectuée avec l’équipe de Magic Mirror, où l’on m’a proposé notamment de rajouter quelques rats en arrière plan, en guise de clin d’œil au conte original, une idée que j’ai trouvée excellente et que je me suis empressée d’implémenter.

Avez-vous envoyé votre manuscrit à plusieurs maisons en parallèle de Magic Mirror ?

Honnêtement, quand j’ai commencé à écrire Le Musicien, j’avais clairement Magic Mirror en tête. Je suivais cette maison d’édition depuis un bon moment, déjà, et je sentais que ce roman, de par son statut de réécriture de conte mais aussi par le ton que je cherchais à lui donner, correspondrait tout à fait à sa ligne éditoriale. Après l’avoir terminé, j’ai envoyé mon texte à Magic Mirror en priorité. J’ai fait quelques autres envois parce que j’étais loin d’avoir l’assurance d’attirer leur intérêt et que je tenais à faire le maximum pour que ce roman ait l’occasion de naître, mais dès que j’ai reçu le coup de fil de l’éditrice m’apprenant qu’elle était intéressée, j’ai su que je devais foncer.

Quel est le personnage de votre roman auquel vous êtes le plus attachée ?

Pour tout dire, je crois que je me suis attachée à beaucoup de personnages du Musicien. Ils ont pris vie si facilement et de manière si approfondie dans ma tête, plus que tous les autres de mes personnages de roman. Je dois probablement une mention spéciale à Angélika, pour s’être d’elle-même imposée dans ce récit jusqu’à prendre une place plus importante que ce que j’avais prévu pour elle au départ. Elle devait jouer le rôle de « témoin » extérieur à l’histoire et qui voit les événements se jouer devant elle, mais elle s’est retrouvée à prendre part entière dans l’intrigue plus d’une fois. Elle devait être une personnalité assez forte pour exister face à Raffaël, et son caractère et sa volonté ont fini par en faire l’un des personnages les plus marquants et touchants de l’histoire.

Celui qui vous a donné le plus de fil à retordre dans l’écriture ?

Du coup, sûrement aussi Angélika ! Elle a pris une vie propre à un moment donné. Je voulais qu’elle ait un attachement avec Raffaël, qu’elle soit celle qui lui rappelle la personne qu’il n’était plus, en quelques sortes, et je tenais à ce qu’elle soit le témoin de la fameuse scène avec les enfants sur la falaise. Mais je ne pouvais pas créer un personnage aussi bienveillant sans qu’il se retrouve fatalement mêlé un peu plus que ça à l’histoire. Je me souviens notamment qu’Angélika n’était pas du tout censée aller chez Gretchen avec Raffaël lorsqu’il va soigner sa mère. Les choses devaient se dérouler différemment, mais à ce moment-là, c’est un peu elle qui a pris la décision.

Si vous pouviez discuter 1h avec un de vos personnages, ce serait lequel et que lui diriez-vous ?

J’aimerais bien parler à Raffaël et lui demander de m’apprendre à jouer du violon (et peut-être aussi de me passer un peu de son pouvoir !). C’est un personnage ambigu comme je les aime, du genre dont on se demande tout le temps ce qu’ils ont en tête, alors si j’avais l’occasion de discuter avec lui, je pense que je l’écouterais parler plus que je ne parlerais !

Après Le Musicien, une réécriture de Barbe Bleue se profile pour octobre 2020, qu’est ce qui vous donne envie de vous prêter à l’exercice des réécritures de contes ?

J’ai toujours adoré les contes, et je me suis découvert une passion pour leurs réécritures avec les Chroniques Lunaires de Marissa Meyer, qui m’a fait me rendre compte de tout le potentiel qu’il y avait à s’inspirer de toutes ces histoires que tout le monde connaît plus ou moins bien. J’ai découvert la maison d’édition Magic Mirror quasiment dès sa création et je l’ai aussitôt notée sur un morceau de papier, parce qu’il me démangeait déjà d’écrire une réécriture. L’inspiration a un peu tardé à venir, mais elle a fini par se manifester et j’ai écrit Le Musicien et Blue quasiment coup sur coup. J’ai découvert que j’adorais ça, remanier un récit, lui donner un contexte, une justification, approfondir des personnages types et distiller clins d’oeil et références, c’est vraiment un plaisir d’écrire ce genre de texte, et j’espère avoir un jour l’occasion de récidiver une troisième fois 😉

Que pensez-vous de la production autour des réécritures de contes en général ? (cinéma etc)

J’aime beaucoup les réécritures romanesques de contes que j’ai pu lire. Je parlais plus tôt des Chroniques Lunaires, j’ai aussi lu Heartless de la même auteure, Wicked, de Gregory Maguire, sur le thème du Magicien d’Oz, la série Un palais d’épines et de roses de Sarah J. Maas, et sûrement quelques autres que j’oublie. Je lis actuellement Tant que vole la poussière, de Cameron Valciano (et je vous le recommande!).

Pour ce qui est du cinéma, c’est une autre histoire, généralement je n’aime pas vraiment le traitement des contes lorsqu’ils sont réalisés en version live. Je me souviens que j’avais beaucoup aimé le film La Belle et la Bête avec Vincent Cassel, avec son atmosphère sombre et plutôt poétique. J’aime aussi Maléfique avec Angelina Jolie, pour l’univers vraiment très beau aussi. Mais je n’aime pas trop toutes les versions édulcorées des contes (je ne parle pas des dessins animés Disney, qui m’ont bercée toute mon enfance, mais des adaptations qui ont pu en être faites), à choisir, je préfère voir une version sombre et glauque d’un conte célèbre plutôt qu’une version trop sage. Je trouvais le concept de la série Once Upon a Time génial aussi, au début, avant que ça ne devienne trop kitsch pour moi !

 

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